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Patrice Gautry, chef économiste d’UBP : « 2025 sera une année difficile mais avec des opportunités de croissance et de retour sur investissement »

Alessandro Giraudo
Patrice Gautry, chef économiste d’UBP

Quelles sont vois perspectives pour la croissance économique mondiale en 2025 ?


La croissance sera globalement résiliente mais fragmentée. Résiliente car nous prévoyons une croissance mondiale de 3,2% en 2025, similaire aux années précédentes et à la période pré-Covid. Fragmentée car elle sera caractérisée par de fortes disparités régionales et à l’intérieur des régions elles-mêmes, notamment en Europe et en Asie. Ainsi, la croissance des pays développés devrait s’établir à 1,6%, contre 4% pour celle des pays émergents. Mais au sein même de l’Europe, nous aurons de grands écarts puisque la France et l'Allemagne devraient croître de moins de 1%, tandis que l'Espagne pourrait atteindre 2%. Idem en Asie avec une ASEAN qui sera très solide (les Philippines et la Malaisie connaîtront des croissances comprises entre 5% et 7%), une Inde qui devrait rester solide, dans la tendance de l’année 2024, et une Chine dont la contribution demeure encore incertaine. 


Et aux Etats-Unis ? 


La croissance devrait y demeure résiliente, l’exception américaine sera de retour avec Donald Trump à la maison Blanche. L’économie américaine devrait être en reprise car les nouveaux stimulus budgétaires devraient pousser la croissance vers 2,5%-3% en 2025.

Au total, la croissance sera présente au niveau mondial mais il faudra identifier les pays et leur agenda au fil de 2025. Ceci est vrai pour la partie économique et sera encore plus vrai s’agissant des actifs financiers. 


Quels seront les sujets majeurs qui détermineront l’évolution de la conjoncture ? 


Il y en a trois : l’évolution de l’inflation, la direction réelle de la politique économique américaine qui mêlera protectionnisme et lutte contre l’immigration et aussi es incertitudes sur les politiques budgétaires. S’agissant de l’évolution des prix, la désinflation devrait se poursuivre début 2025, avec une baisse des indices d'inflation aux États-Unis et en zone euro. Cependant, il est peu probable que l'inflation descende durablement en dessous de 2%. Le secteur des services affiche toujours une tendance inflationniste en raison de la demande post-Covid, tandis que les prix énergétiques demeurent volatiles. De fait, on envisage un rebond de l’inflation dans les pays développés au deuxième semestre, sur des niveaux de 2,5%-3% aux Etats-Unis et au-dessus de 2% en zone euro.


Quelles seraient les conséquences pour les politiques monétaires des banques centrales ?


Elles ont commencé en 2024 à desserrer progressivement leurs politiques monétaires après une longue attente et il faut s’attendre à ce qu’elles poursuivent dans cette voie au 1er semestre 2025 avec la poursuite de la désinflation. Mais là aussi, il y aura une fragmentation entre les pays développés. De plus, la fin de la baisse des taux courts devrait intervenir au 1er semestre. Cela signifie que les taux directeurs devraient in fine rester plus élevés que ce que n’envisagent les marchés aujourd’hui. 


Quelle sera l’influence de la politique économique de Donald Trump ? 


Les hausses de tarifs douaniers pourraient avoir un impact majeur sur l’inflation importée, et augmenter l’inflation jusqu’à 80 points de base, si Donald Trump fait tout ce qu’il a dit pendant la campagne. Mais il est difficile de savoir, à ce stade, ce qu’il en sera réellement car les lobbys industriels vont maintenant entrer en jeu pour demander des exemptions à ces hausses de droits de douane. Cette hausse des tarifs pourrait également affecter le commerce asiatique très liés aux Etats-Unis, mais là aussi il faut rester prudent sur l’ampleur réelle. Les pays asiatiques ont en effet, même en dehors de la Chine, un certain pouvoir de négociation de leur côté et ont pris des mesures pour atténuer les impacts, comme la relocalisation des usines. Le point majeur à surveiller du côté de Donald Trump sera plutôt sa politique contre l’immigration. Les tarifs douaniers, in fine, sont une menace qu’il brandit, notamment à l’égard de ses voisins tels que le Mexique pour qu’ils prennent des mesures afin de contrôler les migrants. Si cela se déroule, alors il pourrait y avoir des tensions sur le marché de l’emploi américain avec une hausse des coûts salariaux, qui sera inflationniste.


La situation des déficits budgétaire est-elle préoccupante ? 


Oui à long terme. Tous les pays, toutes les zones, ont vu leurs déficits augmenter. Résultat, la dette publique est sur une tendance haussière structurelle et des ajustements budgétaires de l’ordre de 3% à 4% du PIB mondial seraient nécessaires pour contenir la progression dans les pays développés, ce que l’on ne voit pas du tout actuellement. Les pays n’ont pas restauré de marges de manœuvre budgétaire en cas de chocs externes. Ils restent vulnérables face aux défis de long terme (vieillissement de la population, défense, santé). Au final, la trajectoire de la dette publique n'est pas soutenable à long terme, à l’horizon 2050. 


A quoi peut-on s’attendre pour les marchés actions ? 


2025 sera une année difficile mais avec des opportunités de croissance et de retour sur investissement. Il faudra être agile et effectuer des rotations sectorielles. Des secteurs tels que la technologie, les médias, les banques et la santé devraient tirer leur épingle du jeu. Il faudra se concentrer sur des entreprises de qualité offrant une bonne visibilité de leurs bénéfices. C’est notamment le cas des entreprises américaines dont les bénéfices devraient croître de 14% l'année prochaine, soutenus par la relance économique et la baisse des taux d'intérêt directeurs. De leurs côtés, les entreprises européennes sont devenues plus profitables, mais il y a un écart d'au moins 5 points avec les entreprises américaines qui ont retrouvé leurs niveaux de 2008.

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