top of page
  • Photo du rédacteurCercle des Épargnants

Les sportifs aussi doivent apprendre à devenir des épargnants

Portrait de Chun-Wing Lam
Chun-Wing Lam

Alors que débutent dans quelques jours les JO de Paris 2024, le Cercle des épargnants s’est intéressé à la gestion de patrimoine des sportifs de haut niveau. Rencontre avec Chun-Wing Lam, danseur à l’Opéra de Paris et… conseiller en gestion de patrimoine pour les sportifs au sein du cabinet EMD Patrimoine.




Vous êtes danseur à l’Opéra de Paris et cofondateur de PerformanceS by EMD. Comment vous est venue cette double vocation de sportif de haut niveau et de conseiller en gestion de patrimoine ?


Quand je suis arrivé à Paris depuis Hong Kong, pour rejoindre le ballet de l’Opéra de Paris, ma famille d’accueil m’a très vite appris à placer mes premiers revenus et je me suis intéressé à la question de l’après-carrière. Spontanément, j’étais plutôt enclin à faire de l’immobilier et quelques expériences m’ont beaucoup appris sur les avantages et les inconvénients des investissements locatifs. Parallèlement à ma profession de danseur, j’ai donc suivi des études de finance à Grenoble école de management (GEM) puis pendant le confinement, j’ai passé le concours de l’Aurep pour obtenir le titre d’Expert en conseil patrimonial. C’est grâce à l’incubateur de GEM que j’ai rencontré Eve-Marie DYON, fondatrice gérante du cabinet en gestion de fortune EMD Patrimoine, avec qui j’ai cofondé PerformanceS, le département en charge spécifiquement des artistes et des sportifs de haut niveau.


Quelles sont les caractéristiques principales d’un sportif de haut niveau pour la gestion de son patrimoine ?


La première, évidemment, est que le sportif a une carrière courte, sans âge fixe de départ à la retraite, avec de surcroît des risques de blessure. Il vient parfois d’un milieu modeste et n’a pas forcément pu bénéficier d’une éducation financière et d’une préparation psychologique adéquate pour gérer les hauts revenus que pourrait lui apporter sa carrière sportive. Pour preuve, on estime qu’environ 50% des footballeurs professionnels sont ruinés à la fin de leur carrière.  Ensuite, la dimension internationale est très importante à prendre en compte. Les sportifs de haut niveau vont souvent à l’étranger pour suivre leur carrière, ce qui pose des questions fiscales et juridiques très complexes à résoudre en matière d’expatriation et d’impatriation.


Quelle est la règle de base ?


La règle de base : anticiper dès le départ la fin de carrière. Une fin de carrière qui arrive toujours très tôt, parfois de manière inattendue, sans pension de retraite ce qui pose inévitablement la question de savoir comment compenser la baisse de ses revenus par rapport à des besoins encore très élevés. Une attention particulière est à porter aux outils « retraite » traditionnels, comme le PER individuel, qui ont vocation à bloquer l’épargne jusqu’à l’âge légal de départ à la retraite. L’une des solutions adaptées consiste, par exemple, à l’acquisition de parts de SCPI en nue-propriété, en faisant coïncider la durée du démembrement avec la date potentielle de fin de carrière : à court terme cela n’augmente pas les revenus perçus donc ne provoque pas d’envolée de la fiscalité, et assure des revenus complémentaires que l’on peut toucher en fin de carrière. Mais attention : le piège avec l’immobilier c’est d’emprunter un montant trop important au départ, basé sur une capacité de remboursement élevée liée aux revenus durant la carrière, lesquels baissent ensuite de façon très importante et entraîne de réelles difficultés en termes de flux. C’est l’une des raisons principales de la ruine de plusieurs sportifs.  Enfin, je leur recommande toujours de privilégier des enveloppes liquides afin de pouvoir faire face aux imprévus, comme le contrat d’assurance vie.


La dimension psychologique est forte, également…


En effet. Je me retrouve souvent devant des gens jeunes et globalement inexpérimentés qui accordent leur confiance à leur entourage assez facilement, que ce soit à leur coach ou à leur famille sans forcément avoir les bonnes armes. L’important pour un conseiller patrimonial est de collaborer avec leurs proches qui exercent une influence forte sur le sportif en établissant là aussi une relation de confiance.

bottom of page