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« La réalité est d’abord que les Français aiment l'épargne »

Dernière mise à jour : 6 janv.


Portrait de Jean-Laurent Garnier, PDG de Generali France
Jean-Laurent Granier, PDG de Generali France

Le marché immobilier Notre pays sort d’un débat très virulent sur la réforme des retraites. Dans ce contexte, quelle est la place de l'épargne retraite ?

Nous assistons souvent, en France, à des débats idéologiques entre retraite par répartition et retraite par capitalisation. La réalité est d’abord que les Français aiment l'épargne. Pour preuve, les stocks d'épargne augmentent dès que surgit de l'incertitude ou une crise économique. Plus précisément, les Français aiment l'épargne retraite et ils aiment capitaliser dans la perspective de la retraite. Ceci se traduit très concrètement par le succès des nouvelles enveloppes des PER. Le PER est le réceptacle idéal cumulant les avantages de l'assurance vie et d'un produit de retraite à long terme. Ce système fait appel à une volonté individuelle de capitaliser, de se projeter dans le besoin financier qu'on aura au moment de cesser son activité. Le PER vient donc réellement en complément du système social de retraite par répartition. Il s’est imposé naturellement, d'autant plus indépendamment des querelles idéologiques que tout le monde a bien compris qu’avec le temps, la quote-part de revenus qui serait assurée par la retraite par répartition du régime général serait un socle minimal insuffisant pour constituer la totalité de son futur pouvoir d'achat. Il était donc nécessaire de le compléter avec le PER créé par la loi Pacte de 2019.

En fait, les Français font de la retraite par capitalisation sans le dire ?

Exactement. Les Français n’auraient pas été d'accord pour qu'on supprime le système de retraite par répartition. D'ailleurs personne ne l’a jamais envisagé. Quand il existe un tel système, dont l’objet est d’organiser la solidarité entre les générations, il est impossible d’en sortir. Cela reviendrait à dire à une génération « vous allez payer les retraites de vos devanciers mais vous, vous n’en aurez pas » ! Voilà pourquoi la réponse universelle pour le financement des retraites en France s’appuie sur un socle de solidarité et une réponse plus individualisée sur la base d'un effort que chacun est libre de dimensionner en fonction de ses capacités et de ses cotisations.

Epargner pour sa retraite a bien d’autres avantages que d’assurer des revenus complémentaires à l’épargnant ?

En effet. Le réflexe d'épargne de la population apporte un véritable soutien à l'économie réelle, productive, puisque les PER permettent non seulement d'investir dans des produits très traditionnels - des fonds euros, des obligations - mais également dans des fonds spécialisés, dans le private equity, voire même des entreprises innovantes. C'est une excellente manière de faire converger la vision de long terme des épargnants – puisqu’investir pour sa retraite c'est avoir une vision de long terme - avec la volonté de transformer la société en finançant les transitions énergétiques, écologiques ou en investissant dans les technologies nouvelles. Epargner c’est faire coïncider une volonté individuelle avec un besoin collectif, le tout à long terme. Je ne connais pas beaucoup de systèmes aussi vertueux réalisant une telle réconciliation.

Le système actuel répond-il totalement aux futurs besoins financiers pour financer les retraites ? Faudrait-il le compléter ?

Certains se demandent régulièrement s’il ne faudrait pas lancer des fonds de pension à la française. Mais nous pouvons très bien considérer que dans leurs différentes versions, les PER répondent à ce besoin. Il suffit simplement de les développer davantage. L'exemple de Generali est intéressant puisque nous avons créé une sorte de fonds de pension, Generali Retraite, qui est un FRPS (fonds de retraite professionnel supplémentaire) dans lequel on a logé les nouveaux contrats PER mais aussi les anciens contrats article 83 ou Madelin. Nous affichons 20 milliards d’euros d’encours, couvrons 340 000 particuliers et 77 000 entreprises. Au total, en France, on compte une vingtaine de FRPS. Cela signifie que nous nous sommes dotés des véhicules adéquats pour porter cette vision de long terme tout en remplissant les engagements retraite. En d’autres termes, nous disposons de tous les instruments disponibles. Il faut désormais faire en sorte qu’ils grandissent, que nous puissions les généraliser le plus possible. Cela nécessite d’avoir une distribution spécialisée, en capacité à donner des conseils, mais surtout que nous fassions de la pédagogie vis-à-vis des clients et des épargnants en général afin qu’ils perçoivent bien à quoi toute cette panoplie peut servir et comment la mettre en œuvre.

Qu'est ce qui aujourd'hui limite le développement de ces outils ?

Le manque de culture économique des Français et le manque de capacité à expliquer quels sont les bons leviers à activer. Aujourd’hui quand on parle épargne tout le monde pense spontanément à Livret A, qui est effectivement le produit le plus répandu dans le grand public. C’est l’outil le plus simple au monde, en apparence, puisqu’il n'a aucune fiscalité et qu’il est plafonné. Résultat, on a l'impression que le débat sur le livret A en France suffit au débat sur l'épargne en général. Notre pays est singulier de ce point de vue, parce que les gens aiment épargner, mais pour autant la connaissance réelle des mécanismes d'épargne ne dépasse pas beaucoup le livret A dans un certain nombre de cas. Or l’objectif précis du livret A est de financer le logement social, pas de préparer les gens à leur retraite ou de soutenir les entreprises. Avec un peu plus de pédagogie, on pourrait en faire bien davantage. Et c’est absolument nécessaire. Suite au COVID nous avons vu se remplir les livrets A de manière très impressionnante. Avec la remontée des taux nous avons vu se garnir des livrets bancaires qui offrent des rendements de 3% pendant 3 mois. Tout ceci constitue une réserve d'épargne qui trouverait avantage à se convertir en partie en épargne retraite dans un but de long terme et notamment en PER. Une forme de matelas s'est constituée, très bien positionnée pour alimenter le flux supplémentaire de financement des retraites. Ce mouvement n’est pas encore enclenché à 100% et il est de notre devoir, à nous les professionnels de l'épargne retraite, d'en faire la promotion à travers nos ré- seaux. Nous avons un mot d'ordre chez Generali, celui d'être "lifetime Partner", c’est-à-dire partenaire de nos clients tout au long de leur vie. Dans ce contexte les plans d’épargne retraite sont le produit idéal puisqu’ils se souscrivent pendant la vie active et permettent de se projeter sur l'après, sur la retraite.

Comment faire plus de pédagogie ?

C’est tout le rôle d’une association comme le Cercle des Epargnants, qui est à la fois un forum réunissant des adhérents tout en ayant une relation très partenariale avec Generali. C'est une manière de disposer enfin d'une autonomie de réflexion au sein d’une organisation indépendante pour représenter les motivations, les centres d'intérêt des épargnants, satisfaire leurs besoins d'information et d'explication. Le partenariat entre Generali et le Cercle des Epargnants est fructueux et contribue à cette pédagogie.

La collecte en assurance-vie marque le pas. Avez-vous un signal d'alerte à ce sujet ?

Aucun. L'assurance vie reste le véhicule d'épargne préféré des Français. Nous sommes typiquement dans un phénomène d'à-coup : lorsqu’il y a une crainte sur l'avenir ou une difficulté à prendre des décisions qui engagent le long terme, le premier réflexe est d’orienter son épargne sur le court terme en attendant de prendre des décisions plus structurelles. Nous sommes typiquement dans cette situation avec la brutale remontée des taux ou la guerre en Ukraine. La population est préoccupée, cela se traduit par l'augmentation comptable des stocks d'épargne.

Le baromètre du Cercle des Epargnants montre que les Français sont encore sceptiques à l’idée de placer leur épargne dans des produits durables, car ils privilégient le rendement. Les deux sont-ils conciliables ?

Oui, c’est tout à fait possible si, là aussi, nous raisonnons sur le long terme. Toute une série de thèmes d'investissement – tels que les infrastructures durables, le photovoltaïque, la production d'énergie verte, le recyclage des déchets – sont portés par des entreprises qui seront très performantes dans l'avenir. Il y a des besoins très importants d'investissement et ces besoins financeront de la création de valeur pour toute la société, à travers des solutions durables. En outre, l'ensemble des critères ESG (Environnement, Social et Gouvernance) au-delà de l'environnement sont pris en compte par les agences qui notent les entreprises et ces critères se diffusent lentement dans le public qui y est de plus en plus sensible. Pour toutes ces raisons, si le rendement reste un critère dominant je pense qu'il va diminuer en importance pour se retrouver à égalité avec des critères de durabilité. Cela va se faire assez naturellement.

L'épargne salariale ne pourrait-elle pas être un peu plus développée en France justement dans cette optique retraite ?

En effet. L'épargne salariale permet également de favoriser l'actionnariat salarié, ce qui conduit à un autre objectif consistant à réconcilier les salariés avec la création de valeur au sein de leur entreprise. En soi, c'est donc un objectif louable et estimable. Cela veut dire qu’un salarié ne doit pas juste regarder son salaire mais qu’il est aussi intéressé à la productivité et à la rentabilité de l'entreprise. On ré- concilie le capital et le travail.

Si vous aviez un point de d'attention à donner aux pouvoirs pour aider à défendre les épargnants ?

Je peux en donner deux. Le premier c'est la stabilité. Un cadre a été créé avec le PER, nous devons faire en sorte que la pédagogie porte dans la population et pour cela il ne faut que les règles édictées durent et ne changent pas tous les matins. Deuxième suggestion : aujourd'hui, l’enveloppe affectée à la cotisation, l'effort qu'un individu peut faire sur ses revenus pour alimenter son PER est fixé à 10% de son revenu imposable. Une bonne manière de stimuler à la fois la pédagogie et l'intérêt des épargnants serait d'augmenter cette enveloppe dans des proportions raisonnables, en passant le plafond de 10% à 15%. Ce serait un signal extrêmement positif pour l'économie, positif pour les épargnants et positif pour le financement de la retraite !


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