Les dernières semaines ont été marquées par un regain de tensions sur les taux d’intérêt. Ainsi, les taux 10 ans américains ont touché le niveau symbolique des 4,5%, un plus haut depuis 16 ans. Déduits de l’inflation, les taux réels aux Etats-Unis sont au plus haut depuis 14 ans. En Europe, le taux à 10 ans allemand a franchi les 2,7%.
Ces tensions sont en grande partie le résultat des décisions monétaires des banques centrales qui ont chacune tenu leur réunion en septembre, adoptant des postures différentes l’une de l’autre. En résumé, la BCE a monté ses taux en septembre en adoptant un ton conciliant, laissant entendre que le pic était probablement atteint sauf à de nouvelles mauvaises surprises sur le front de l’inflation. Tandis que la Fed, aux Etats-Unis, a maintenu ses taux inchangés en adoptant un discours plutôt dur, laissant planer la menace d’une nouvelle hausse.
« Il est possible que les banques centrales aient marqué une pause définitive en septembre, explique Olivier Raingeard directeur des investissements chez Neuflize-OBC. Mais la question du taux d’équilibre à moyen terme reste ouverte ». Selon lui, l’assouplissement monétaire pourrait intervenir au deuxième trimestre 2024 avec « fin 2024, des taux directeurs de la Fed et de la BCE qui pourraient s’élever respectivement à 3,75% et 2,5% ». Des anticipations qui s’appuient sur un pari : que l’inflation connaisse une forte décélération.
A l’inverse, le risque est donc que l’inflation ne baisse pas autant que prévu. C’est l’option choisie par Ofi Invest Asset Management. Pour sa chef économiste, Ombretta Signori on ne peut envisager un assouplissement des politiques monétaires qu’à trois conditions : que l’inflation sous-jacente évolue en phase avec l’objectif de la Réserve fédérale pendant plusieurs mois, soit +0,2% en moyenne mensuelle ; que les anticipations d’inflation soient, au minimum, ancrées ; que le marché du travail continue à se détendre. Or ce dernier s’ajuste lentement et reste encore très solide. Pour Ofi Invest AM, l’inflexion monétaire pourrait intervenir vers le printemps – été de l’an prochain.
Difficile donc de pouvoir afficher la moindre certitude sur l’évolution des taux longs dans les prochains mois.
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