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Photo du rédacteurValérie Plagnol, Présidente

Rendez-vous de rentrée

Vue de la Tour Eiffel à Paris

« Sur la plage abandonnée » chantait Brigitte Bardot(1)… La nostalgie pourrait bien nous saisir après une parenthèse estivale d’autant plus marquée pour nous, que les JO de Paris ont été largement salués avec un enthousiasme au-delà des espérances, n’en déplaise aux grincheux. Nous allons pouvoir nous passionner pour les jeux paralympiques, qui risquent néanmoins d’être « concurrencés » par les préoccupations toutes matérielles et politiques de la rentrée.


Je regretterai pour ma part – bien que je le comprenne – l’attention quasi exclusive portée à nos athlètes nationaux. Je me suis certes passionnée pour leurs exploits, j’ai aimé encourager leurs efforts, et j’aurai voulu consoler leurs défaites. Mais ce patriotisme sportif, ne tourne-t-il pas parfois à un certain chauvinisme ? Et nous manquons peut-être d’autres grands moments. Il en est ainsi de chaque olympiade, et de même pour chaque pays, nous le savons, c’est peut-être dommage.


En tout cas, l’été n’a pas manqué de rebondissements, pour ne pas dire de coups de théâtre, qu’il convient de rappeler tant ils risquent de peser sur cette rentrée économique et sur les marchés :

• Tout d’abord aux Etats-Unis où d’un attentat manqué (et une « oreille cassée ») au retrait d’une candidature, la dynamique de l’élection présidentielle a été profondément bouleversée. La nomination de Kamala Harris, son « ticket » présidentiel avec Tim Watz, gouverneur du Minnesota, a redynamisé le camp démocrate. Cela ne veut pas dire que l’élection est gagnée d’avance, tant les électorats campent sur leurs positions, ce qui accroît le poids des désormais fameux « swing states », ces états dont les votes restent incertains jusqu’au jour J, mais qui contribuent à faire basculer la majorité des grands électeurs appelés à élire le candidat pour lequel ils se sont engagés.

• Les marchés ont aussi connu de vifs soubresauts. La remontée brutale, bien qu’éphémère, de l’indice VIX (indice de la volatilité des marchés, que l’on surnomme volontiers « indice de la peur ») ; d’importants mouvements sur les devises (notamment le yen japonais en hausse et le dollar en repli), illustraient soudain la nervosité des investisseurs, provoquant en quelques heures des retournements massifs de positions. Dans la torpeur de l’été, les marchés ont soudain craint l’apparition d’un « cygne noir(2) », dans un contexte économique plus incertain. La correction fut pourtant passagère, le mouvement haussier rapidement repris par des opérateurs avides de bonnes affaires.


Dans le même temps, l’or a atteint son plus haut historique, l’once dépassant le seuil des 2500 dollars – un niveau encore jamais vu. L’inflation baisse, mais peut-être pas tant qu’espéré, tandis que l’activité économique donne des signes de ralentissement, ce que confirment les chiffres du chômage aux Etats-Unis notamment :

• En France, à la torpeur de l’été s’est ajoutée l’attentisme – sinon la crainte – face à l’absence de formation d’un nouveau gouvernement, alors que les propositions de la coalition de gauche ont littéralement figé le moral et les investissements des entreprises. Il ne faudrait pas que le pari réussi des JO, qui a contribué au bon moral et à la croissance de cet été, ne soit qu’un feu de paille, tandis que la question budgétaire risque de dominer notre rentrée.

• Aux Etats-Unis, le regain d’espérance de voir la Réserve Fédérale abaisser son taux directeur dès l’automne vient de redonner du souffle aux marchés. En effet, la Banque Centrale des Etats-Unis, lors de la rencontre de Jackson Hall, le rendez-vous incontournable des banquiers centraux, a bien confirmé que « le temps [était] venu(3) » d’envisager une détente monétaire.


Avec un taux directeur revenu au-dessus des 5%, la Réserve Fédérale s’est certes ménagé des marges de manœuvre pour agir. Cependant, il n’est pas encore sûr qu’elle entende faire beaucoup. Certes, la détérioration de l’emploi et la remontée du taux de chômage, (au-dessus du seuil des 4%, après 27 mois consécutifs sous ce seuil, un record depuis les 34 mois du milieu des années 50 !), sont une réelle préoccupation. Mais la Fed se veut encore prudente, avant l’élection présidentielle d’une part et au regard des chiffres encore décevant de l’inflation. De son côté la Banque Centrale européenne, semble bien sur la réserve. D’autres Banques centrales s’ajustent à la baisse, mais les mouvements sont encore modestes.


La rentrée risque d’être dominée par la question du poids des dettes publiques et privées, alors même que le renchérissement du coût du crédit pèse sur tous.


 

L’Assemblée Générale du Cercle des Epargnants se tiendra le 21 septembre prochain. Nous sommes à la disposition de nos adhérents pour toutes vos questions.


Valérie Plagnol


(1) « La Madrague », Jean-Max Rivière, Gérard Bourgeois, chantée par Brigitte Bardot.

(2) En référence au livre de Nassim Nicholas Taleb « Le Cygne noir » ou la puissance de l’imprévisible. Les Belles Lettres - 2008

(3) Discours de Jérôme Powell, Jackson Hall, août 2024


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