Le sujet agite les couloirs européens depuis plusieurs mois. Il a franchi deux nouvelles étapes au cours des derniers jours. D’abord les 17 et 18 avril derniers, avec la remise aux chefs de gouvernement des 27 pays membres de l’Union Européenne, du rapport de Enrico Letta sur le marché intérieur. L’ancien président du Conseil des ministres italien y développe plusieurs pistes pour réformer le marché unique européen et aborde un sujet : celui de la création d’un marché de l’épargne européen. Il insiste ainsi sur la nécessité d'un « marché financier européen plus intégré et plus robuste », « essentiel pour exploiter le plein potentiel » économique de l'UE. Alors que le rapport évoque le chiffre de 33 000 milliards d’euros d’épargne citoyenne potentiellement disponible, Enrico Letta plaide pour une véritable “Union de l’épargne et de l’investissement”, afin de retenir en Europe les flux de capitaux qui partent aujourd'hui massivement vers les Etats-Unis.
Le sujet de la création d’un produit d’épargne de long terme européen, très poussé par la France mais beaucoup moins par l’Allemagne, est également abordé. Au passage, Enrico Letta envisage également la création d’une Bourse européenne pour favoriser les start-up de la « deep tech ». « Il ne s’agit pas de faire l’union des marchés de capitaux pour faire l’union des marchés de capitaux, a déclaré Enrico Letta dans une interview au journal Le Monde. Aucun chef d’Etat et de gouvernement ne dépensera du capital politique pour de la finance. Il s’agit de créer une union de l’épargne et des investissements qui permettra de mobiliser l’épargne privée pour financer les transitions verte et numérique. Ce sera la réponse européenne à l’Inflation Reduction Act des Etats-Unis »
Comme en écho, un deuxième rapport a été publié dans la foulée, par Christian Noyer, l’ancien gouverneur de la banque de France dans lequel ce dernier propose lui aussi la création d’un plan d’épargne européen. Dans les grandes lignes, ce produit de long terme ne pourra être débloqué qu'au moment de la retraite ou à certains événements majeurs de la vie ; il s’appuiera sur des avantages fiscaux communs à tous les européens, et investir à au moins 80% dans des sous-jacents européens.
Paris a sans surprise salué ces deux rapports. Berlin est resté plus discret, signe que la route n’est pas encore totalement dégagée pour ces propositions.
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